L’ex-commandant des forces spéciales dévoile les coulisses d’une opération visant à déstabiliser le régime de transition
Dans un témoignage exclusif diffusé lors de l’édition du journal télévisé de 20h ce 29 septembre 2024 à la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), l’ex-commandant des forces spéciales, Ahmed Kinda, a révélé les détails d’une opération secrète visant à déstabiliser le régime en place au Burkina Faso. En tant que chef d’orchestre de cette opération, Kinda a livré un récit précis des événements, depuis la planification jusqu’à l’échec de l’exécution.
Une mission secrète à la frontière du Niger et du Bénin
Ahmed Kinda a décrit le début de l’opération comme une mission d’identification d’hommes et de matériel nécessaires à l’action. Selon lui, la première étape les a menés à Yendi, où un binôme les a rejoints pour indiquer le chemin. « Quand nous sommes arrivés à Yendi, Ousmane était accompagné d’un binôme qui nous a laissés aux portes de la mission, confiant le relais à un plus jeune compagnon, » raconte Kinda.
Le groupe a ensuite traversé la frontière du Bénin en direction du Niger, un passage clé pour la suite de leur entreprise. Cependant, des doutes ont commencé à émerger dans l’esprit de l’ex-commandant, notamment lorsqu’ils ont pris un car après avoir franchi le fleuve. « À la première halte, il y a eu des difficultés, mais la situation a été maîtrisée. Nous avons continué jusqu’à l’entrée de Niamey, où la police a interpellé deux de nos hommes pour des contrôles approfondis, » a-t-il détaillé. Ces arrestations ont fortement perturbé l’opération.
Communication avec les supérieurs et implication de mercenaires
Kinda a immédiatement fait un point de situation à ses supérieurs, le colonel Damiba et le colonel Ouoba, ainsi qu’au journaliste Abdoulaye Barry. « Ils m’ont conseillé de patienter. Peut-être qu’avec le dernier car, ils allaient être relâchés, » explique-t-il. Cependant, le dernier véhicule est arrivé sans leurs compagnons, plongeant Kinda dans une incertitude totale.
Un autre élément clé du plan, selon Kinda, a été l’implication de mercenaires. « Nous avons fait appel à des Centrafricains, à travers Abdoulaye Barry. Il nous fallait 150 hommes armés d’AK-47, ainsi que des armes lourdes comme des PKM, RPG-7 et mortiers, » a révélé l’ex-commandant. La logistique de l’opération incluait également des systèmes de communication sophistiqués, comme des téléphones satellitaires Thuraya, pour coordonner les actions des chefs d’éléments.
Désaccords financiers et réorganisation tactique
Le financement de l’opération a été une autre source de tension. Kinda rapporte que Barry Abdoulaye avait initialement remis 10 millions de francs CFA à Ousmane, un des responsables de la mission. Cependant, Ousmane a jugé cette somme insuffisante en raison des risques encourus et a exigé davantage. Après des négociations, 80 millions de francs CFA ont finalement été versés pour continuer l’opération.
Malgré ces défis, Ahmed Kinda espérait encore réorganiser les forces pour mener à bien la mission. « J’avais quatre Thuraya en ma possession que je devais distribuer aux chefs d’éléments avant de poursuivre nos actions, » a-t-il conclu, soulignant la complexité et l’ampleur des préparatifs militaires.
Un coup d’État déjoué
Les révélations de l’ex-commandant Kinda jettent une lumière crue sur les dangers auxquels fait face le régime de transition au Burkina Faso. Ce témoignage met en évidence l’existence de forces internes et externes prêtes à déstabiliser le pays, et la participation de figures clés dans des manœuvres clandestines visant à fragiliser le pouvoir en place.
Alors que les autorités du Burkina Faso continuent de faire face à des défis sécuritaires majeurs, cette tentative avortée souligne la nécessité de renforcer la vigilance et de protéger les institutions contre toute forme de complot.
La Rédaction. Source la RTB
