Un témoignage explosif de Robert Bourgi relance le débat sur l’intervention française en Côte d’Ivoire
Ouagadougou, 27 sept. 2024 (AIB) – En 2011, le président français Nicolas Sarkozy a joué un rôle décisif dans l’éviction de Laurent Gbagbo au profit d’Alassane Ouattara, selon Robert Bourgi, une figure influente des relations France-Afrique. Bourgi affirme que Gbagbo avait bien remporté l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire, mais qu’il a été délogé sous la pression de Sarkozy.
Gbagbo, un vainqueur contesté : le rôle de la France dans la crise ivoirienne
D’après Robert Bourgi, Laurent Gbagbo avait effectivement remporté les élections de 2010, contrairement aux résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI) qui avait donné Alassane Ouattara vainqueur. Ce scénario rappelle, selon lui, la situation au Gabon en 2016, où Jean Ping, et non Ali Bongo, aurait remporté la présidentielle.
Le témoignage de Bourgi apporte une lumière troublante sur les coulisses de cette période, marquée par une guerre civile qui a fait plus de 3 000 morts et déstabilisé durablement la Côte d’Ivoire. Selon Bourgi, Nicolas Sarkozy, alors président de la France, avait proposé à Gbagbo un exil doré, incluant une retraite mensuelle de 30 millions de FCFA et des honneurs académiques à travers le monde. Face au refus catégorique de Gbagbo, Sarkozy a menacé de le « vitrifier », terme qu’il interprète comme signifiant « détruire ou atomiser ».
Une intervention militaire décisive
En avril 2011, la France, munie d’un mandat de l’ONU, a soutenu les Forces nouvelles, une faction rebelle, pour déloger Laurent Gbagbo de la présidence. Ce dernier a ensuite été arrêté et transféré à La Haye pour y être jugé par la Cour pénale internationale (CPI). Robert Bourgi, dans un aveu empreint d’émotion, a confié qu’il avait été profondément affecté par le sort réservé à Gbagbo, tant sur le plan personnel que familial.
Une ingratitude politique selon Bourgi
Dans son témoignage, Bourgi évoque également ce qu’il qualifie d’ »ingratitude » de la part de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin, tous deux anciens responsables français qui avaient, selon lui, bénéficié d’un soutien financier de 3 millions de dollars de la part de Laurent Gbagbo en 2002, alors que la France traversait une période de tension avec la Côte d’Ivoire.
Un épisode qui continue de hanter l’Afrique de l’Ouest
La crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011 reste un événement marquant dans l’histoire politique de l’Afrique de l’Ouest, symbolisant l’interférence extérieure dans les affaires internes des États africains. Les révélations de Robert Bourgi pourraient relancer le débat sur la légitimité des interventions françaises en Afrique, ainsi que sur les mécanismes internationaux utilisés pour résoudre les conflits électoraux.
Une question de justice et de mémoire
Alors que Laurent Gbagbo, après avoir été acquitté par la CPI, est de retour en Côte d’Ivoire, la question de la réconciliation nationale et de la responsabilité des acteurs internationaux dans la crise reste entière. Ces nouvelles révélations alimentent les discussions sur les relations complexes entre la France et ses anciennes colonies.
Un climat de défiance toujours présent
Ces témoignages viennent s’ajouter à une longue liste d’accusations portées contre les dirigeants occidentaux en Afrique, souvent accusés de manipuler les élections pour servir leurs propres intérêts géopolitiques et économiques. Alors que la Côte d’Ivoire se prépare à de futures échéances électorales, ce passé douloureux pourrait encore peser sur l’avenir du pays et sur ses relations avec l’ancienne puissance coloniale.
Réactions attendues à Abidjan et Paris
Les révélations de Robert Bourgi ne manqueront pas de faire réagir à Abidjan comme à Paris. Si certains y verront une confirmation de l’ingérence étrangère dans les affaires africaines, d’autres souligneront la complexité des relations internationales dans un contexte de crise. Le gouvernement ivoirien, ainsi que les responsables français de l’époque, pourraient être amenés à s’exprimer à nouveau sur cette page sombre de l’histoire.
La Rédaction. Source AIB