L’année 2023 a été décisive pour la coopération militaire entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger à travers la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Zoom sur cet acte majeur qui vise, entre autres, à mutualiser les efforts en vue de lutter contre le terrorisme qui gangrène les trois pays frontaliers.
S’il y a bien un fait majeur qui a marqué la coopération entre le Burkina, le Mali et le Niger au cours de l’année 2023, c’est bien la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Cet acte « historique » a ouvert un nouveau chapitre dans la lutte contre l’insécurité qui gangrène la région du Liptako Gourma. En effet, l’AES vise à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et à combattre la criminalité organisée dans la zone des trois frontières. Elle se veut une réponse endogène à la crise sécuritaire, à travers la mutualisation des efforts.
Sa création a davantage « acté » la mort du G5 Sahel qui n’était plus que l’ombre de lui-même. C’est donc sans surprise qu’à la suite du Mali, le Burkina et le Niger ont annoncé, le 29 novembre 2023, leur retrait de cette organisation qui, après près de 9 ans d’existence, peinait à atteindre son objectif : lutter efficacement contre le terrorisme. Pour les dirigeants des trois pays, les ambitions légitimes de leurs Etats à faire de l’espace du G5 Sahel, une zone de sécurité et de développement sont contrariées par des « lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de les convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle, ils sont aujourd’hui engagés, est contraire à la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle ».
A travers l’AES, le Burkina, le Mali et le Niger entendent maintenir leur dynamique de coopération en vue de faire de l’espace sahélien, un espace de souveraineté assumée pour la reconquête des territoires et la restauration de la paix et de la sécurité, gage d’un développement partagé pour les peuples du Sahel. L’article 6 de la Charte de l’Alliance établit que « toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’une des parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres, engageant ainsi une obligation d’assistance mutuelle, y compris l’usage de la force armée pour rétablir la sécurité ». En outre, les articles 5 et 8 permettent à chaque partie de chasser ou de combattre les rebelles et les terroristes cherchant refuge sur son territoire. La Charte de l’Alliance consacre également l’engagement des trois pays à « défendre leur unité nationale et l’intégrité de leurs Etats » en mutualisant leurs actions militaires contre le terrorisme et d’autres menaces sécuritaires.
Elle prévoit en outre qu’ils se protègent mutuellement, notamment en ce qui concerne leurs frontières. Leurs armées auront la possibilité d’opérer dans l’ensemble de cet espace, en particulier dans la poursuite des terroristes au-delà des frontières. Cette Alliance renforcée entre le Mali, le Burkina et le Niger peut être perçue comme une étape décisive pour la sécurité et la défense des populations de la région des « Trois frontières ».
SIDWAYA/Nadège YAMEOGO